Silk Road Mountain Race: l’endurance au superlatif

Silk Road Mountain Race 2019

Quels peuvent être les sentiments du Suisse Handy Buchs alors qu’il assiste, impuissant, au départ de ses 136 collègues, mais néanmoins concurrents sur une colline dominant Bishkek? Il s’est préparé durant six mois à la course la plus dure au monde, la Silk Road Mountain Race, mais son vélo s’est perdu quelque part entre Moscou et Bishkek. Si les choses tournent bien, il retrouvera son VTT à l’aéroport dans l’après-midi et pourra prendre le départ avec une demi-journée de retard. Qu’est-ce qu’une demi-journée si vous disposez de quatorze jours pour effectuer, tenez-vous bien, les 1’710 kilomètres et les 26’000 mètres de dénivelé positifs que propose ce parcours sur les routes de terre, les graviers, les pierriers et les cols de la chaîne de Tian Shan, en plein Kirghizistan? Le tout en parfaite autonomie: vous et votre seul vélo. L’an dernier, un petit 30% des concurrents seulement a atteint l’arrivée.

Le parcours de l’édition 2019 de la Silk Road Mountain Race
Les concurrents disposent de quatorze jours pour effectuer en parfaite autonomie les 1’710 kilomètres et les 26’000 mètres de dénivelé ascendants que propose ce parcours sur les routes de terre
Le départ est le seul moment où l’on peut photographier plusieurs concurrents sur le parcours. En arrière-plan Bishkek

Ne participe pas qui simplement le souhaite: la sélection se fait sur dossier. À voir les équipements lors du contrôle technique, rien ne s’improvise pour affronter les températures de ce mois d’août: entre 30° et -10° durant les bivouacs, les cols élevés, certains franchissant la limite des 4000 mètres, et le tracé tortueux. Impossible de s’y retrouver sans la navigation au GPS que fournit le prestataire Komoot . Si les choses tournent mal, les coureurs disposent d’une balise spot qui indique leur position, si ils sont encore en course ou si ils abandonnent. À eux alors de se débrouiller pour rejoindre une localité; on ne peut guère compter sur des secours au Kirghizistan. La parfaite autonomie est la règle de cette course hors-norme sur laquelle aucun concurrent n’a le droit de demander quelque aliment ou boisson aux gens du lieu. Par contre si il se la voit offerte, il peut en profiter. Vu la convivialité légendaire des Kirghizes habitant les montagnes, nul doute que de belles rencontres devraient avoir lieu.

Les seuls aliments condensés ne sauraient suffire

À observer les poches bourrées d’aliments qui équipent les vélos et les vêtements, les concurrents sont parés au pire. Mais le poids est une barrière qu’ils ne peuvent repousser sans conséquences. J’ai soulevé le vélo du vainqueur de l’an dernier, l’américain Jay Petervary: il ne pèse guère plus que mon vieux Muddy Fox des années 90! À ses dires, ce n’est pas l’équipement qui prime dans de tels défis, mais la tête et les capacités d’affronter les conditions changeantes de la montagne en parfaite autonomie. Par où passe l’itinéraire? Dois-je dormir ici, forcer l’allure pour franchir le col de nuit, m’arrêter ou me ravitailler en route? Poursuivre, pédaler sur la piste sans fin. Porter et pousser son vélo dans certaines montées trop abruptes, traverser des rivière à gué. Le psychisme joue un rôle prédominant, de même que la débrouille pour le bivouac improvisé avec son seul sac de couchage et son réchaud, quelque part dans une vallée Kirghize.

Rien ne s’improvise pour affronter les températures kirghizes de ce mois d’août: entre 30° et -10° durant les bivouacs, les cols élevés, certains franchissant la limite des 4000 mètres, et le tracé tortueux.

Pour comprendre un peu mieux la difficulté de cette vraie aventure, lisez l’interview de Jay Petervary: « You must be fully prepared and self-supported to take on this route, which is not attractive to most bikepackers. I slept three or four hours most nights. One night I slept a little more while waiting for the sun to hit my face since everything had frozen overnight. The last night I didn’t sleep at all. I went about 36 hours straight to reach the finish! » C’est qu’il devait absolument prendre l’avion le soir-même de sa victoire…

Jay Petervary, vainqueur de la première édition de la Silk Road Mountain Race: notez ses équipements de navigation
Plus de dix jours de solitude sur son vélo dans des décors sauvages
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